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un grain de sable pour secouer la poussière...

Communication : la difficile marge de manœuvre de Ghazouani…

Mardi 29 Octobre 2019 - 17:26

Depuis son élection, certains jugent le nouveau président trop absent de la scène médiatique. Certains espéraient l’entendre sur l’affaire Rida, l’affaire des griots, sur l’affaire des étudiants tabassés et sur bien d’autres sujets d’actualités comme l’eût fait le populiste Aziz jamais à court de sorties intempestives.
 
Heureusement qu’il ne cherche pas à faire du Aziz qui s’exprimait à propos de tout et n’importe quoi avec le désastreux résultat que l’on sait : un pays divisé, l’obscurantisme religieux renforcé, des tensions ethno-tribales sans précédent, une xénophobie décomplexée, en un mot : tout le programme d’un régime d’extrême droite sur une terre multiculturelle.
 
Que peut-on finalement reprocher à Ghazouani ? Certainement d’être très différent d’Aziz dont les sorties fréquentes étaient plus faciles vu qu’il pouvait se permettre de dire tout et n’importe quoi en osant par exemple se présenter comme le président des pauvres, le nationaliste sauveur et protecteur de la nation et même à l’occasion le commandeur des croyants prêt à donner raison à la justice de la rue fanatisée.
 
Personne ne pouvait répondre à Aziz car il a tenu 2 mandats en mettant ses adversaires à genoux quasiment seulement par la menace du salaire, les impôts, le retrait du passeport ou le mandat d’arrêt international.
 
Le problème pour les soutiens de Ghazouani, hors cercle du makhzen qui soutient tout chef du moment, c’est que ses premiers mois à la tête du pays étant plus tranquilles que la tempête permanente Azizienne, il se murmure qu’il ne serait qu’un Sidioca bis placé là par Aziz en attendant son retour.
 
Pour faire taire de telles spéculations, beaucoup attendent de lui des décisions dignes d’un opposant à Aziz or Ghazouani a toujours dit, depuis sa campagne, qu’il partage entièrement le bilan d’Aziz et que son régime s’inscrit dans la ligne du régime précédent à la différence près qu’il n’est pas Aziz et cela change déjà beaucoup de choses. La preuve en est que depuis son élection, la scène politique semble apaisée et on ne compte plus le nombre d’opposants à Aziz même radicaux qui donnent à Ghazouani le bénéfice du doute...
 
Attendre de Ghazouani un geste anti-bilan d’Aziz semble impossible et c’est peut-être une erreur car Aziz lui-même, s’il devait faire un 3ème mandat, eût été certainement dans l’obligation de rectifier son propre bilan à moins de voir le pays exploser ou imploser mais surtout Ghazouani a aussi le droit d’avoir ses partisans, ses proches, ses soutiens différents de ceux d’Aziz sans que cela ne soit vu comme une trahison ou une déclaration de guerre politique.
 
Le premier gouvernement Ghazouani a déjà montré un dosage inimaginable sous Aziz sans marginaliser les proches d’Aziz les plus compromettants dont le moindre est l’ex-ministre des finances envoyé avec un parachute doré se poser à la SNIM.
 
Il est encore trop tôt pour spéculer sur la nature de l’articulation Aziz / Ghazouani et si Aziz veut mettre des bâtons dans les roues de son ami ou si Ghazouani est juste un ami qui lui tient la place, tout cela sera clair sous peu mais cela l’est déjà dans l’esprit de 4 ou 5 personnes en Mauritanie : les maîtres de l’armée.
 
Eux seuls savent ce qui est mieux non seulement pour la grande muette mais pour la paix civile à l’heure où le pays est menacé d’un peu partout surtout à mesure qu’on découvre de fabuleuses richesses gazières pour ne citer que celles-là.
 
Tout le reste n’est que suppositions ou supputations.
 
Pour ma part, je crois que le pays a besoin d’un président en retrait du bruit médiatique avec un PM intellectuellement solide et fin à la tête d’une équipe déterminée où chaque ministre aurait une respectable marge de manœuvre sans devoir pour tout et n’importe quoi recevoir des directives de l’homme fort du moment qui devrait avoir d’autres chats à fouetter.
 
Quand on voit les dangers autour du pays et les menaces de l’intérieur, un président fraîchement élu devrait être en retrait ne serait-ce que pour s’informer, savoir ce qui se passe exactement car l’ennemi de l’intérieur est aussi redoutable que celui de l’extérieur : il s’appelle d’abord l’ambition, la jalousie et la convoitise.
 
Mais pour qu’un sage retrait ne soit pas vu comme une absence, il ne faut pas laisser pourrir l’actualité nocive comme ce fut le cas avec les étudiants, ni même les griots sans parler de l’affaire Rida. Des éléments autour du président doivent pouvoir prendre vite les décisions, produire les éléments de langage pour occuper la scène médiatique en restant maîtres des horloges.
 
La liberté d’expression en Mauritanie n’existe pas pour tout le monde car son prix est sévère non seulement pour des raisons politiques dont Aziz fut maître en torture psychologique qui ne laisse pas de trace mais aussi pour des raisons culturelles : pour dire les choses, il faut oser affronter une mentalité rétrograde qui ne supporte aucune critique car toute remarque est vue comme une attaque contre la personne, la tribu, la région.
 
De là que celles et ceux qui osent s’exprimer le payent cher et sont peu nombreux sauf les anonymes dont la voix a moins de portée. Cela dit, ce petit nombre d’activistes ne dit pas que des bêtises, loin de là. Certains brillants ridiculisent à longueur de sortie toute la machine de propagande vieille de 40 ans et complètement dépassée par la force des convictions.
 
Faire la sourde oreille ne porte pas à conséquence car la mentalité, certains diront l’hypocrisie, oblige chacun dans le monde réel à laisser dans l’esprit ce qui provient du virtuel sauf que cela détruit petit à petit l’aura, le prestige, le charisme d’un dirigeant or plus que jamais le pays a besoin de personnalités admirables, ne serait-ce que par le courage politique et religieux.
 
Il faut donc s’occuper du monde virtuel comme il se doit sans le surestimer mais sans le sous-estimer non plus.
 
Il y a donc bien des choses à affaire pour qui veut sauver ce pays déjà largement condamné au gâchis économique, à la misère politique et l’imposture religieuse. Il en va de l’avenir des enfants de chacun, riches ou pauvres, éduqués ou non car tous vivent sous le même carcan politico-culturel : certains hors-sol car nés du côté de l’abondance indue, biberonnés aux passe-droits et les autres à genoux souvent sans le savoir ayant depuis longtemps perdu de vue l’horizon d’un changement possible pour un peu de dignité et autant de droits à une vie de citoyen libre dans un pays sur les marches du progrès.
 
Pour l’instant, l’unique question qui semble terroriser les uns et faire espérer les autres c’est de savoir si Aziz va laisser ce pays tranquille ou compte-t-il encore venir jouir des pleins pouvoirs avec le résultat que l’on sait ?
 
La réponse viendra sous peu… Tout ce que l’on demande à Ghazouani s’il a le moindre pouvoir c’est de n’être pas éternellement loyal là où l’amitié personnelle semble peser autant que 4 millions de citoyens qui n’ont qu’un Etat qui mérite mieux que son état.
 
Si Aziz est le toujours le chef, qu’on le sache ; sinon, merci d’aller faire le tour du monde…

VLANE

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